20 mai 2025

Communiqué du CNB, après l’annonce du garde des Sceaux portant sur la création d’un quartier de haute sécurité au sein de la future prison de Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane

Le Conseil national des barreaux a pris connaissance de l’annonce faite par le garde des Sceaux relative à la création d’un quartier de haute sécurité au sein de la future prison de Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane, destiné à accueillir des profils dits « radicalisés » ou issus du grand banditisme.


Si la lutte contre le narcotrafic et la criminalité organisée constitue un impératif de sécurité publique, elle ne saurait pour autant justifier une politique d’éloignement carcéral ni une communication gouvernementale qui, en associant la Guyane à l’enfermement des profils les plus dangereux, alimente un récit stigmatisant pour les populations ultramarines, réactivant le souvenir douloureux du bagne et de l’indignité qui le caractérisait. 


Le transfert éventuel de personnes détenues de l’hexagone vers la Guyane, sans aucune concertation préalable, soulève par ailleurs de sérieuses questions quant au respect des droits de la défense, lesquels exigent notamment une proximité géographique avec les avocats, les juridictions et les familles.
À cet égard, il convient de rappeler que si le Conseil d’État a validé dans son avis le principe des quartiers de haute sécurité, il a néanmoins exigé des aménagements pour garantir la proportionnalité des mesures restrictives au regard des droits fondamentaux.


Par ailleurs, le Conseil constitutionnel est actuellement saisi de recours parlementaires visant la loi récemment adoptée pour « sortir la France du piège du narcotrafic », dont certaines dispositions pourraient soulever des interrogations quant à leur conformité à la Constitution.


Dans un contexte de saturation généralisée du parc pénitentiaire, le Conseil national des barreaux rappelle que l’accumulation de projets de construction ne saurait tenir lieu de politique pénale. Répondre aux enjeux de sécurité implique avant tout de garantir l’accès aux besoins vitaux et l’accès au droit, gravement entravé sur le territoire guyanais par le manque d'infrastructures judiciaires, de renforcer les dispositifs de prévention et de réinsertion et d’instaurer un mécanisme de régulation carcérale.


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