26 janvier 2024

Discours de Julie Couturier à l'Assemblée générale de la Conférence des Bâtonniers

​Vendredi 26 janvier 2024

Monsieur le Président de la Conférence des Bâtonniers, cher Jean-Raphaël,

Mesdames et Messieurs les membres du bureau de la Conférence des Bâtonniers,

Mesdames et Messieurs les membres élus du collège ordinal de la circonscription nationale au sein du Conseil national des barreaux,

Monsieur le Bâtonnier de Paris, cher Pierre,

Mesdames et Messieurs les Bâtonnières et Bâtonniers, Vice-Bâtonnières et Vice-Bâtonniers,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Merci pour votre invitation,

Je suis très heureuse d’être à vos côtés cette après-midi pour évoquer les défis et les travaux du Conseil national des barreaux, que j’ai la joie et l’honneur de présider depuis le 1er janvier dernier.

Un merci tout particulier pour toi, cher Jean-Raphaël, Monsieur le président, avec qui je me réjouis de travailler ces deux prochaines années,

Je profite de cette tribune, comme l’usage le permet jusqu’à la fin du mois, pour vous souhaiter à toutes et à tous, chers amis, mes meilleurs vœux pour l’année 2024.

Puisse-t-elle vous apporter dans vos barreaux, au sein de vos cabinets, et en famille, santé, succès, bonheur et sérénité.

Oui, en 2024, je vous souhaite, je nous souhaite, d’avancer avec confiance, malgré les aléas que nous connaissons sur le plan politique et géopolitique.

Et je veux vous dire que je travaillerai aux côtés des élus du conseil national des barreaux, avec énergie et détermination pour que chacun des 74 000 avocats français aient confiance en leur avenir.

Aux côtés des élus, mais aussi des vice-présidents de droit,

Le président de la conférence des bâtonniers, qui vous représente déjà avec ardeur, et le Bâtonnier de Paris.

L’alignement des calendriers nous fait prendre nos fonctions en même temps et c’est une chance : nous partageons l’envie de faire de notre mieux, et une belle énergie.

Une énergie que nous mettrons au service de l’unité de la profession et de la défense de ses intérêts, dans la droite ligne des engagements de nos prédécesseurs.

Des prédécesseurs, Jérôme Gavaudan, Bruno Blanquer, auxquels je tiens à rendre hommage.

Nous avons bien travaillé ensemble au cours des deux dernières années.

Nous n’étions pas toujours d’accord mais nous avons su maintenir un front commun et chacun de nos interlocuteurs savait qu’il était vain de tenter de jouer la division.

L’unité de la profession fut le combat et le grand accomplissement de Jérôme Gavaudan.

Je m’inscris dans son sillage.

J’aurai à cœur de la préserver coûte que coûte, car c’est sans doute, ce que nous avons de plus précieux.

C’est notre unité qui nous permet de parler d’une seule et même voix aux pouvoirs publics,

Une voix fortifiée par nos expériences respectives,

Une voix donc capable de défendre avec vigueur les intérêts de la profession mais aussi le respect des libertés et des droits, dans notre pays.

Pour la préserver cette unité, je ne connais qu’une seule recette : le dialogue.

Le dialogue entre les présidents,

Le dialogue entre les bâtonniers,

Le dialogue entre les élus,

Le dialogue avec nos consœurs et nos confrères.

Le dialogue en somme, entre les uns et les autres.

A la tête du conseil national des barreaux, je n’aurai de cesse de l’encourager et d’imaginer les meilleurs moyens pour le faire vivre.

C’est à ce prix que nos mandats valent la peine d’être vécus.

J’en suis intimement convaincue.

***

Ma conviction, je la nourris de mon expérience de bâtonnière.

Comme vous, je me suis engagée au service de mes confrères,

Comme vous, j’ai vécu les joies, les aléas, les choix difficiles à faire mais essentiels, pour préserver nos libertés d’avocats,

Ce que je n’ai pas connu en revanche, ce sont l’éreintement et le découragement auxquels conduit la multiplication des responsabilités assumées dans la solitude et le manque de moyens financiers et humains.

Je ne l’ai pas connu, mais ça ne m’empêche pas d’en avoir profondément conscience.

Une conscience que je veux approfondir encore, nourrir de vos expériences, des différences qui existent entre tous les territoires de France, en métropole comme en Outre-mer.

C’est pour cela que, tout au long de ces trois prochaines années, je viendrai à votre rencontre dans vos barreaux.

J’en profite d‘ailleurs pour vous dire que nous avons d’ores et déjà programmé deux assemblées générales décentralisées du CNB.

L’une à Rennes les 4 et 5 juillet prochain.

L’autre à Lille les 10 et 11 octobre.

J’adresse dès à présent mes remerciements à leurs bâtonniers respectifs, Catherine Glon et Florent Mereau, pour leur accueil futur qui je n’en doute pas sera très chaleureux.

Ces déplacements, j’y tiens tout particulièrement parce qu’ils vont nous donner l’occasion d’aller à la rencontre de consoeurs et de confrères qui n’ont pas toujours le réflexe institutionnel.

Et peut-être leur donner envie de s’engager à leur tour, qui sait ?

Mais surtout, avec l’ambition de leur donner envie de revenir s’exprimer lors des différentes élections.

Car, oui, ne nous mentons pas : l’abstention est un sujet.

Que ce soit lors de l’élection des bâtonniers, des membres des conseils de l’Ordre ou des élus du conseil national des barreaux, nous sommes toutes et tous confrontés au désengagement de nos confrères.

Nous ne pourrons faire l’économie d’une réflexion collective sur ces questions.

Elle sera sans doute, un peu désagréable, nous remettant nous toutes et tous qui sommes élus, nous les premiers, en cause.

Mais justement, parce que nous somme élus, parce que nous portons cette responsabilité en conscience, nous avons le devoir de la mener.

Nous aurons, dans les mois et les années à venir, à parler de gouvernance, de mode de scrutin, de représentativité…c’est un chantier au long cours.

Mais, sans attendre, nous aurons à parler d’intelligence artificielle et de ses effets, d’accès au droit partout et surtout pour tous.

Nous aurons à parler de la collaboration et de ses conditions,

Nous aurons à parler d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle,

Nous aurons en somme, à parler, ensemble, de nos ambitions et de notre avenir.

Le monde change, il est bouleversé par les révolutions technologiques, comme par les crises, et nous faisons partie intégrante de ce monde changeant.

Alors épousons son mouvement, apprivoisons-le, car c’est encore la meilleure manière que je connaisse de protéger ce qui doit l’être.

Parce que des choses à protéger, il y en aura.

Pour ce qui est des fondamentaux, comptez sur moi, je serai sans cesse et sans faillir, en première ligne pour les défendre.

Comptez sur moi également, pour que le conseil national des barreaux prenne toute sa part dans ces réflexions essentielles pour l’avenir de notre profession.

Ceux qui me connaissent déjà un peu, savent que je ne suis pas du genre à reculer devant un débat.

Bien au contraire, je crois, je vous l’ai dit, au dialogue, mais aussi et surtout, en fidèle avocate, au contradictoire.

Je suis convaincue que seule la confrontation des points de vue, des sensations, des expériences, fait avancer le monde.

A condition, bien sûr, qu’elle soit conduite dans le respect des opinions de chacun et qu’elle fasse la part belle à l’intelligence collective.

***

Oui, je crois aussi, aux vertus de l’intelligence collective.

Je suis convaincue que loin de s’annuler, les intelligences s’amplifient lorsqu’elles se rencontrent et s’associent.

C’est pour cela que je souhaite que l’information circule le plus efficacement entre nous et que nous travaillions ensemble à installer des référents thématiques au sein des barreaux.

Evidemment, dans le souci des moyens et des particularités de chacun de vos territoires, mais avec cette envie d’amplifier des initiatives qui font déjà leur preuve – notamment en matière d’exercice du droit, d’égalité ou d’affaires internationales et européennes.

Ce que vos référents dans ces matières font remonter comme informations aux élus des commissions afférentes au CNB est très précieux car très concret.

Notamment, parce qu’elles nous permettent de mieux articuler les démarches que nous initions auprès des pouvoirs publics, et les réalités de nos exercices.

***

Ce partage d’information, nous permettra également d’anticiper et de relever ensemble, sans laisser aucun avocat de côté, les défis que 2024 et les années qui la suivront, nous réservent.

J’ai évoqué l’intelligence artificielle, qui est indéniablement notre grand enjeu. Raison pour laquelle, le bureau du Conseil des barreaux a décidé de lancer un groupe de travail spécifique et transversal, qui aura vocation à délivrer rapidement analyses de la situation et solutions effectives.

Et dans cette droite ligne, nous devrons être offensif en ce qui concerne la lutte contre l’exercice illégal de la profession. Plus que jamais, il vous faudra être ferme en matière de déontologie. C’est notre meilleur garde-fou, ne l’oublions jamais.

Nous devrons aussi renforcer, encore, notre vigilance en matière de respect des libertés et des droits. L’exigence de sécurité de nos concitoyens qui peut être justifiée par certains aspects, ne doit jamais nous faire dévier de notre serment, ni des principes de l’Etat de droit : procès équitable, indépendance des juges, humanité et dignité, nous devrons être très attentifs.

Pour ce qui est de la dignité, n’oublions pas non plus, qu’il est de notre devoir d’assurer que toute personne détenue, le soit dans le respect intégral de son intégrité physique et moral et de ses droits. Pour cela, n’hésitez jamais à exercer votre droit de visite dans les lieux de privation de liberté et à nous remonter tous manquements dont vous seriez le témoin.

Le CNB s’en fera le porte-voix, tout comme nous poursuivons nos efforts pour étendre votre droit de visite aux établissements psychiatriques.

Enfin, comment ne pas en parler, puisque c’est l’évènement de l’année :

Les Jeux olympiques et paralympiques qui se dérouleront sur l’ensemble du territoire durant la période estivale mériteront notre plus grande vigilance.

Nous devons nous assurer que les mesures nécessaires et légitimes prises pour assurer la sécurité et le bon déroulement de cet évènement sportif ne le soient pas en contradiction et en opposition des droits et libertés individuelles.

En somme, cette année encore, oui, il va y avoir du sport !

Mais, vous le savez, la défense des libertés et des droits est un sport de combat.

Un sport que les avocats pratiquent bien souvent en individuel,

Un sport, qui pourtant, j’en suis convaincue, ne s’apprécie vraiment qu’en équipe.

Mais à ce sujet, je n’apprendrai rien à des bâtonniers !

Je vous dirai seulement, Mesdames et Messieurs les Bâtonnières et Bâtonniers, Vice-Bâtonnières et Vice-Bâtonniers,

Mes chères consœurs, mes chers confrères,

Que vous aussi, vous avez une équipe qui vous soutient, et qui ne vous lâchera pas.

Ils sont 82, ce sont les élus du CNB.

Et soyez assurés que vous pouvez dès à présent compter sur nous.

Je vous remercie.

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